03/01/2011

Playground / Les aires de jeux d'artistes

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

La demande de commande d'aires de jeux par des artistes est lié à l'idée que l'art est source d’originalité. Ainsi ces aires de jeux auront une forme unique. Mais aussi comme source d’interrogation du modèle. De la sculpture praticable à l'installation interactive, l'aire de jeu est un terrain d'expérimentation...

"...On peut tracer un parallélisme entre œuvres d'art et aire de jeu en mettant à jour pour chaque mouvement ou époque de l'art moderne et contemporain, une prise en compte de la question du jeu et de son espace possible. Ainsi au modernisme et à sa simplification des formes lié à l'espoir d'un vocabulaire élargit aux vertus pédagogiques (l'abstraction Froebeliennes est alors la principale source de cet espoir constructiviste de l'émancipation par la purification des formes). Pour le minimalisme on invoquerait sa prise en compte de la dimension perceptive, pour Fluxus, la question du jeu permanent; pour les happenings et la performance leurs dimensions transformatrices. Et puis l'art de l'installation, l'esthétique relationnelle, ect...  

Les aires de jeux sont des réservoirs de formes qui annoncent ou cite des œuvres d'art, elles révèlent et illustrent leurs potentiels perceptif et formel. Mais aussi des dispositif d'inventions, des utopies, des prospectives..."
extrait de Anthologie des aires de jeux d'artistes / Art de l'aire de jeu et aires de jeux de l'art
Vincent Romagny

Les aires de jeux d'artistes
Ce que l'on demande à un artiste c'est de créer des formes originales. La créativité au service de la qualité? Une alternative à des éléments d'équipements formatés? Une porte de sortie pour éviter l'inévitable banalité des toboggans, balançoire et tourniquets? Mais aussi un regard critique sur l'espace, le ludique et la place de l'enfant dans notre société. Les intentions pédagogiques et éducatives sont elles compatibles avec la vision critique des artistes. Ce qui compte en fin de compte est la qualité de l'espace: son potentiel de jeu comme activité comme métaphore du monde.
L'inutilité de l'art serait la garantie d'une aire de jeu réussit, puisque l'enfant trouvera dans le jeu une forme d'utilité.

L'oeuvre d'art praticable, ou comment le spectateur devient acteur 
L'inutilité de l'art serait la garantie d'une aire de jeu réussit, puisque l'enfant trouvera toujours dans le jeu une forme d'utilité (source de plaisir). Il faut lui donner donc la possibilité de s'approprier l'œuvre sous la forme d'espace praticable, de sculpture, d'installation.
La garantie et la possibilité d'agir, d'inter-agir, de modifier l'espace permet à l'enfant de définir ses modalités du dispositif et ainsi de se créer un monde à soi.

playground / design

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

http://playgrounddesigns.blogspot.com/

alternative adventure playground

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

A la fin des années 60, des théories issu de la contre-culture de la génération "hippies" et en réaction aux équipements formatés des aires de jeux issu de l'industrie, proposent l'idée d'auto-construction, de détournement, de recyclage (de surplus issu de l'industrie) pour la construction de terrains de jeux. Ces terrains de jeux sont dans la suite de l'initiative des junk playground à la fois un retour à la participation des citoyens, à la créativité (l'art du détournement) et la capacité à se créer son propre environnement.Ce mode alternatif existe aussi dans les pays du tiers-monde pour des raisons économiques par nécessité et système D.
adventure playground de l'université de Berkeley à San Francisco.







Junk playground

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

Lors des bombardements allemand de la seconde guerre mondiale, Londres à été une des villes les plus détruite. On y trouvait fréquemment des espaces vide crée entre deux immeubles démolis et bourrés de gravats.  Ces espaces vides, terrains vagues, en friche, "poubelles" en attente d'être reconstruit furent pendant une période des espaces de terrains de jeux consacré exclusivement aux enfants. L'idée était de donner un lieu spécifique pour que les enfants à la fois s'exprime librement, évite l'ennuie et l'inactivité qui peuvent conduire à la délinquance et participe à leurs façon à la période de reconstruction. 



Ces terrains d'aventures, appelés Junk playground (terrains vague) ont été des espaces de libertés encadré ou les enfants construisirent à partir des gravats des "sculptures installation et autres inventions".
La fabrication par lui même (de l'enfant) de ses propres jeux par la maîtrise des outils (marteau, scie...) furent une expérience inédite et fondamentale dans l'approche citoyenne et pédagogique du rôle du jeu comme source d'épanouissement et d'éveil des consciences. La liberté quasi anarchique de ces terrains, laissant à l'enfant la responsabilité de ses actes, en étant acteur de sa propre aventures comme facteur de régénération pour une société pacifié, sans violence ou chacun peut s'exprimer et trouver sa place de citoyen. Cette expérience éphémère n'a pas survécu aux règles de sécurité, aux normes. Mais aussi aux formatages d'équipements modulaires produits en masse ou l'enfant n'est plus l'acteur (car exclu du processus de conception) mais simple utilisateur, spectateur, consommateur et non plus comme citoyen.

playground / Kindergarten

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

Friedrich Fröbel

est un pédagogue allemand qui dans les années 1840 inventa le concept de Kindergarten (jardins d'enfant.) Idée au retentissement universel et précurseur qui reste le principal titre de gloire de Fröbel. Il avait comprit l'importance du jeu comme manifestation de l'activité du petit enfant : que l'enfant, pour se développer, doit non pas seulement regarder et écouter, mais agir, qu'il y a en lui un créateur, un ouvrier qui demande à produire ; il a voulu que ce besoin de création, de mouvement, de jeu productif, pût se donner libre carrière dans le jardin d'enfants, pendant la période qui précède l'âge où interviendra la discipline scolaire.

La perception des formes abstraites

L'âme du petit enfant, dit Fröbel, ne peut, dans la première période de son développement, se reconnaître, se saisir elle-même, que dans la perception des formes les plus simples du monde extérieur, présentées d'une façon concrète. L'enfant, nature élémentaire, ne peut comprendre que l'élémentaire. Les images, les symboles concrets éveilleront dans l'âme de l'enfant les germes des facultés correspondantes. Or la nature ne nous offre pas ces symboles sous leur forme élémentaire, la seule qui soit accessible à la simplicité de l'âme enfantine ; c'est à nous de savoir les extraire de l'infinie diversité des choses, c'est à nous de les mettre en présence de l'enfant. Ces formes élémentaires lui rendront sensible, dès ce moment, quoique d'une manière inconsciente encore, la loi universelle qui régit à la fois l'âme humaine et la nature.


Mais ces formes élémentaires, — répondrons-nous à Fröbel., — cette sphère, ce cube, ce cylindre, dont la contemplation est censée devoir révéler à l'enfant le sens intime des choses, les lois du monde physique et du monde moral, ces formes sont des abstractions. Les solides géométriques ont beau être des objets matériels et palpables, ils n'en sont pas moins le produit de la pensée abstraite.

Dons et occupations

En 1836, il crée des objets de jeux, qu’il appellera des « dons ». A travers le jeu, le « don » révèle à l’enfant ses propriétés et sa structure. Mais les « dons » et « occupations » pour enfants d’âge préscolaire de Fröbel ne se ramènent pas à des matériels éducatifs en soi ; en effet, l’élément d’auto-apprentissage est complété par des jeux. Les jeux éducatifs de Fröbel correspondent à former l’enfant non plus par la « science » mais par le moyen d’un contact actif avec les formes élémentaires qui mettent en lumière et symbolisent la « généralité » des objets en cause. Bien avant les avants-gardes, ce principe de jeux élémentaires, initié par Fröbel, constitué de formes abstraites est lié au plaisir du jeu, plaisir de construction simple ouvrant tout un répertoire de formes possibles. La combinaison de ces éléments permet d’obtenir une variété presque infinie de formes que Fröbel dénommait « formes de la vie » (formes du monde vivant), « formes de la beauté » et « formes de la connaissance » (groupements mathématiques).














L'hommage de Frank Lloyd Wright
Sa mère avait acheté un ensemble de blocs (fourth gift) à une expositition sur Fröbel. au musée de Philadelphie. "... Frank était fasciné par les blocs et une grande partie de sa conception architecturale a été influencée par les formes géométriques".

Cette expérience précoce durera puisqu'il expérimenta tout sa vie comme un enfant.




Frank Lloyd Wright, from An Autobiography Frank Lloyd Wright


Les jardins d'enfants
Les jardins d’enfants du temps de Fröbel, comportaient trois axes d’activité. Ils étaient centrés sur le jeu avec les « dons » et « occupations ». A côté, il y avait les « jeux de mouvement » : course, danse, rondes et comptines mimées, où le groupe d’enfants développe des formes de mouvement sans l’aide de matériel de jeu. Le troisième axe d’activité était la culture des jardinets, qui permettait aux jeunes enfants d’assister au développement des plantes, de les voir croître et fleurir et de comprendre comment des soins attentifs leur permettent de mieux s’épanouir. Ainsi le jeune enfant découvrait dans le miroir de la nature le spectacle de sa propre croissance.





Playground / un modèle pour une société qualitative

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

Palle Nielsen

Artiste Danois, chercheur en urbanisme et paysagisme, il se consacre au milieu des années 60 à une forme d'art activiste; revendiquant une forme d'action concrète et utopique à la fois. Il va réaliser une série d'aires de jeux pour enfants dans les quartiers populaires de Copenhague et ses environs. Mais son œuvre la plus manifeste est la transformation du musée d'art contemporain de Stockholm en 1968 en une immense aire de jeux à la suite d'une simple invitation, à montrer son travail. Le modèle de Palla Nielsen est une installation sous la forme d'un terrain d'aventure en accès libre proposant tout un panel d'activités et de propositions de jeu durant trois semaines. Elle attira plus de 33500 visiteurs dont 20000 enfants. En proposant ce cadre de jeu, il visait à introduire au sein du musée une vision non élitiste de l'art et chercher à promouvoir des nouvelles relations sociales et politiques entre l'art, la vie et l'individu. Une forme d'utopie artistique militante et populaire.

La remise en question de l'organisation de l'espace "classique" du musée en un lieu "ouvert" à permit de ré-inventez de nouveaux modèles d'exposition. La notion de jeu et d'interactions entre les œuvres et le public, une forme d'installation non contrôlable et inattendu.
"L'aire de jeux était constituée d'une séries de tours et de ponts au-dessus d'un bac à "mousse en caoutchouc" permettant d'amortir les chutes et les formes d'action de jeu (sauter, grimper, se balancer). Tout au long de la période d'exposition, l'interaction des enfants transforma progressivement l'espace d'exposition.  La spontanéité des enfants, leurs capacités à s'approprier le modèle démontre de son efficacité et de sa réussite. Un espace non formaté ou l'enfant joue et crée en toute liberté, "... l'idée est de créer une structure pour le jeu créatif des enfants et c'est eux même qui poursuivront le travail sur cette structure... le jeu est l'exposition... l'exposition est le travail des enfants eux-mêmes."

Playground / appropriation sculpturale de l’espace

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

Aldo Van Eyck

Architecte de formation proche des avant-gardes, Aldo Van Eyck à construit de 1947 à 1978 plus de 700 terrains de jeux à Amsterdam. L’architecte y démontre avec conviction l’importance des notions d’appropriation de l’espace (la possibilité donnée à l'enfant de découvrir son corps en mouvement), de qualité symbolique (Quand un équipement représente d'avance un animal, la forme dicte à tel point la construction qu'on y perd le jeu pure. D'une forme simple un enfant peut tout faire!) de potentiel de jeu (l'enfant se sert de tout ce qu'il trouve, de tout ce qu'il peut escalader, de tout ce qu'il peut le faire glisser, éventuellement et a fortiori ce qui lui interdit) est dans le but d’éveiller l’imaginaire de l’enfant. En effet, les aménagements et les équipements qu’il a créés offrent l’avantage reconnu de posséder des usages multiples, souvent inattendus : chacun peut choisir spontanément le mode d’emploi selon ses envies. Van Eyck s’oppose aux équipements de jeux figuratifs (ex : animaux) puisqu’ils "éteignent" l’imagination plutôt que de la stimuler : il concevait alors des objets abstraits et multifonctionnels offrant une variété d’opportunités de jeu.

Pierre Szekely

Sculpteur d'œuvres en pierre de taille parfois monumentale, collaborateur d'architectes, Pierre Szekely réalisa entre 1958 et 1967 cinq "sculptures-jeux" ou sculptures praticables pour enfants, principalement pour les villes nouvelles de la banlieue parisienne.
"... en organisant les formes autour des mouvements, une micro-architecture à l'usage des enfants prend naissance" Pierre Szekely 1959

1958 – Cité de Jeux L’Haÿ les Roses, Val de Marne
1967 – aire de jeu - village olympique de Grenoble


Isamu Noguchi

Sculpteur et designer, Isamu Noguchi à conçu entre 1940 et 1980, des luminaires, du mobilier, des accessoires, des décors de scène, des espaces publics, mais aussi des aires de jeux. Il est le célèbre créateur des lampes Akari et de la Coffee Table de 1944. Son approche "pratique" et "sculpturale" à la fois, à base de forme organique fait de lui un des plus grand designer de l'après-guerre, « Tout est sculpture». ... « Je considère tout matériau, toute idée qui prend vie librement dans l'espace comme une sculpture. »
Les projets de Noguchi sont dans le même esprit que les thèses d'Aldo Van Eyck sur la liberté de l'enfant à s'approprier l'espace par des formes "libres" sans référent direct, de façon abstraite. L'espace de l'aire de jeu devient alors une immense sculpture paysagère: des aires de jeux comme paysage sculpturaux. Il dessina une série de "sculpture prototype" comme des paysages autonomes. L'intention est de partir du sol en intervenant directement et en interaction avec l'espace, mais aussi de susciter un imaginaire, un monde sensible, une symbolique universelle et métaphysique du jeu et de l'enfance. Un pays imaginaire, une forme d'utopie réalisé...
Principe d'équipement "sculpture" pour aires de jeux
Maquette de l'aire de jeu pour le siège des Nations Unies 1952 - projet non réalisé
Contured Playground, Installation d'une aire de jeu dans Central Park à New York City. 1941 - projet non réalisé

02/01/2011

Playground / Peter Friedl

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

standards conceptuels institués d'aires de jeux

"...J’ai commencé Playgrounds en 1995. Le projet ne vise pas à constituer une anthologie, même s’il en donne l’impression. (il tiendrait plutôt du projet anthropologique.) On trouve presque partout des terrains de jeu ; et pourtant , dans une certaine mesure, ils semblent négligés par la théorie autant que par l’esthétique. Après tout, dans le champ de l’Art public, je les trouve plutôt pas mal, surtout quand on les rapporte aux projets d’Art public plus ambitieux et réellement désastreux des deux dernières décennies. Il y a une certaine facilité à dire : il semble y avoir des règles consistantes, partout dans le monde, qui restreignent la conception des terrains de jeu. Et cette facilité peut en amener une autre, qui consiste à en faire une étude de cas de la mondialisation – mais on est toujours à un niveau « non pertinent » (ou même métaphorique ). D’autres questionnements, comme l’urbanisme, la sociologie ou l’éducation, viennent aussi tout de suite à l’esprit. Mais je crois que cette étude relève avant tout d’une autre question, qui concerne la narration. Les photos montrées dans la série sont aussi importantes que celles qui ne sont pas montrées ou celles qui n’existent pas. Le projet Playgrounds ne vise pas à produire des données statistiques sur un nombre défini de terrains de jeu, provenant de telle ou telle origine géographique. En ce sens, il reste complétement ouvert ; il jette un regard critique sur un ensemble de standards conceptuels institués..."

Extrait de malentendus en chantier / entretien Peter Friedl / Jean-Pierre Rehm
HORS CHAMPS n°183