03/01/2011

alternative adventure playground

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

A la fin des années 60, des théories issu de la contre-culture de la génération "hippies" et en réaction aux équipements formatés des aires de jeux issu de l'industrie, proposent l'idée d'auto-construction, de détournement, de recyclage (de surplus issu de l'industrie) pour la construction de terrains de jeux. Ces terrains de jeux sont dans la suite de l'initiative des junk playground à la fois un retour à la participation des citoyens, à la créativité (l'art du détournement) et la capacité à se créer son propre environnement.Ce mode alternatif existe aussi dans les pays du tiers-monde pour des raisons économiques par nécessité et système D.
adventure playground de l'université de Berkeley à San Francisco.







Junk playground

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

Lors des bombardements allemand de la seconde guerre mondiale, Londres à été une des villes les plus détruite. On y trouvait fréquemment des espaces vide crée entre deux immeubles démolis et bourrés de gravats.  Ces espaces vides, terrains vagues, en friche, "poubelles" en attente d'être reconstruit furent pendant une période des espaces de terrains de jeux consacré exclusivement aux enfants. L'idée était de donner un lieu spécifique pour que les enfants à la fois s'exprime librement, évite l'ennuie et l'inactivité qui peuvent conduire à la délinquance et participe à leurs façon à la période de reconstruction. 



Ces terrains d'aventures, appelés Junk playground (terrains vague) ont été des espaces de libertés encadré ou les enfants construisirent à partir des gravats des "sculptures installation et autres inventions".
La fabrication par lui même (de l'enfant) de ses propres jeux par la maîtrise des outils (marteau, scie...) furent une expérience inédite et fondamentale dans l'approche citoyenne et pédagogique du rôle du jeu comme source d'épanouissement et d'éveil des consciences. La liberté quasi anarchique de ces terrains, laissant à l'enfant la responsabilité de ses actes, en étant acteur de sa propre aventures comme facteur de régénération pour une société pacifié, sans violence ou chacun peut s'exprimer et trouver sa place de citoyen. Cette expérience éphémère n'a pas survécu aux règles de sécurité, aux normes. Mais aussi aux formatages d'équipements modulaires produits en masse ou l'enfant n'est plus l'acteur (car exclu du processus de conception) mais simple utilisateur, spectateur, consommateur et non plus comme citoyen.

playground / Kindergarten

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

Friedrich Fröbel

est un pédagogue allemand qui dans les années 1840 inventa le concept de Kindergarten (jardins d'enfant.) Idée au retentissement universel et précurseur qui reste le principal titre de gloire de Fröbel. Il avait comprit l'importance du jeu comme manifestation de l'activité du petit enfant : que l'enfant, pour se développer, doit non pas seulement regarder et écouter, mais agir, qu'il y a en lui un créateur, un ouvrier qui demande à produire ; il a voulu que ce besoin de création, de mouvement, de jeu productif, pût se donner libre carrière dans le jardin d'enfants, pendant la période qui précède l'âge où interviendra la discipline scolaire.

La perception des formes abstraites

L'âme du petit enfant, dit Fröbel, ne peut, dans la première période de son développement, se reconnaître, se saisir elle-même, que dans la perception des formes les plus simples du monde extérieur, présentées d'une façon concrète. L'enfant, nature élémentaire, ne peut comprendre que l'élémentaire. Les images, les symboles concrets éveilleront dans l'âme de l'enfant les germes des facultés correspondantes. Or la nature ne nous offre pas ces symboles sous leur forme élémentaire, la seule qui soit accessible à la simplicité de l'âme enfantine ; c'est à nous de savoir les extraire de l'infinie diversité des choses, c'est à nous de les mettre en présence de l'enfant. Ces formes élémentaires lui rendront sensible, dès ce moment, quoique d'une manière inconsciente encore, la loi universelle qui régit à la fois l'âme humaine et la nature.


Mais ces formes élémentaires, — répondrons-nous à Fröbel., — cette sphère, ce cube, ce cylindre, dont la contemplation est censée devoir révéler à l'enfant le sens intime des choses, les lois du monde physique et du monde moral, ces formes sont des abstractions. Les solides géométriques ont beau être des objets matériels et palpables, ils n'en sont pas moins le produit de la pensée abstraite.

Dons et occupations

En 1836, il crée des objets de jeux, qu’il appellera des « dons ». A travers le jeu, le « don » révèle à l’enfant ses propriétés et sa structure. Mais les « dons » et « occupations » pour enfants d’âge préscolaire de Fröbel ne se ramènent pas à des matériels éducatifs en soi ; en effet, l’élément d’auto-apprentissage est complété par des jeux. Les jeux éducatifs de Fröbel correspondent à former l’enfant non plus par la « science » mais par le moyen d’un contact actif avec les formes élémentaires qui mettent en lumière et symbolisent la « généralité » des objets en cause. Bien avant les avants-gardes, ce principe de jeux élémentaires, initié par Fröbel, constitué de formes abstraites est lié au plaisir du jeu, plaisir de construction simple ouvrant tout un répertoire de formes possibles. La combinaison de ces éléments permet d’obtenir une variété presque infinie de formes que Fröbel dénommait « formes de la vie » (formes du monde vivant), « formes de la beauté » et « formes de la connaissance » (groupements mathématiques).














L'hommage de Frank Lloyd Wright
Sa mère avait acheté un ensemble de blocs (fourth gift) à une expositition sur Fröbel. au musée de Philadelphie. "... Frank était fasciné par les blocs et une grande partie de sa conception architecturale a été influencée par les formes géométriques".

Cette expérience précoce durera puisqu'il expérimenta tout sa vie comme un enfant.




Frank Lloyd Wright, from An Autobiography Frank Lloyd Wright


Les jardins d'enfants
Les jardins d’enfants du temps de Fröbel, comportaient trois axes d’activité. Ils étaient centrés sur le jeu avec les « dons » et « occupations ». A côté, il y avait les « jeux de mouvement » : course, danse, rondes et comptines mimées, où le groupe d’enfants développe des formes de mouvement sans l’aide de matériel de jeu. Le troisième axe d’activité était la culture des jardinets, qui permettait aux jeunes enfants d’assister au développement des plantes, de les voir croître et fleurir et de comprendre comment des soins attentifs leur permettent de mieux s’épanouir. Ainsi le jeune enfant découvrait dans le miroir de la nature le spectacle de sa propre croissance.





Playground / un modèle pour une société qualitative

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

Palle Nielsen

Artiste Danois, chercheur en urbanisme et paysagisme, il se consacre au milieu des années 60 à une forme d'art activiste; revendiquant une forme d'action concrète et utopique à la fois. Il va réaliser une série d'aires de jeux pour enfants dans les quartiers populaires de Copenhague et ses environs. Mais son œuvre la plus manifeste est la transformation du musée d'art contemporain de Stockholm en 1968 en une immense aire de jeux à la suite d'une simple invitation, à montrer son travail. Le modèle de Palla Nielsen est une installation sous la forme d'un terrain d'aventure en accès libre proposant tout un panel d'activités et de propositions de jeu durant trois semaines. Elle attira plus de 33500 visiteurs dont 20000 enfants. En proposant ce cadre de jeu, il visait à introduire au sein du musée une vision non élitiste de l'art et chercher à promouvoir des nouvelles relations sociales et politiques entre l'art, la vie et l'individu. Une forme d'utopie artistique militante et populaire.

La remise en question de l'organisation de l'espace "classique" du musée en un lieu "ouvert" à permit de ré-inventez de nouveaux modèles d'exposition. La notion de jeu et d'interactions entre les œuvres et le public, une forme d'installation non contrôlable et inattendu.
"L'aire de jeux était constituée d'une séries de tours et de ponts au-dessus d'un bac à "mousse en caoutchouc" permettant d'amortir les chutes et les formes d'action de jeu (sauter, grimper, se balancer). Tout au long de la période d'exposition, l'interaction des enfants transforma progressivement l'espace d'exposition.  La spontanéité des enfants, leurs capacités à s'approprier le modèle démontre de son efficacité et de sa réussite. Un espace non formaté ou l'enfant joue et crée en toute liberté, "... l'idée est de créer une structure pour le jeu créatif des enfants et c'est eux même qui poursuivront le travail sur cette structure... le jeu est l'exposition... l'exposition est le travail des enfants eux-mêmes."

Playground / appropriation sculpturale de l’espace

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

Aldo Van Eyck

Architecte de formation proche des avant-gardes, Aldo Van Eyck à construit de 1947 à 1978 plus de 700 terrains de jeux à Amsterdam. L’architecte y démontre avec conviction l’importance des notions d’appropriation de l’espace (la possibilité donnée à l'enfant de découvrir son corps en mouvement), de qualité symbolique (Quand un équipement représente d'avance un animal, la forme dicte à tel point la construction qu'on y perd le jeu pure. D'une forme simple un enfant peut tout faire!) de potentiel de jeu (l'enfant se sert de tout ce qu'il trouve, de tout ce qu'il peut escalader, de tout ce qu'il peut le faire glisser, éventuellement et a fortiori ce qui lui interdit) est dans le but d’éveiller l’imaginaire de l’enfant. En effet, les aménagements et les équipements qu’il a créés offrent l’avantage reconnu de posséder des usages multiples, souvent inattendus : chacun peut choisir spontanément le mode d’emploi selon ses envies. Van Eyck s’oppose aux équipements de jeux figuratifs (ex : animaux) puisqu’ils "éteignent" l’imagination plutôt que de la stimuler : il concevait alors des objets abstraits et multifonctionnels offrant une variété d’opportunités de jeu.

Pierre Szekely

Sculpteur d'œuvres en pierre de taille parfois monumentale, collaborateur d'architectes, Pierre Szekely réalisa entre 1958 et 1967 cinq "sculptures-jeux" ou sculptures praticables pour enfants, principalement pour les villes nouvelles de la banlieue parisienne.
"... en organisant les formes autour des mouvements, une micro-architecture à l'usage des enfants prend naissance" Pierre Szekely 1959

1958 – Cité de Jeux L’Haÿ les Roses, Val de Marne
1967 – aire de jeu - village olympique de Grenoble


Isamu Noguchi

Sculpteur et designer, Isamu Noguchi à conçu entre 1940 et 1980, des luminaires, du mobilier, des accessoires, des décors de scène, des espaces publics, mais aussi des aires de jeux. Il est le célèbre créateur des lampes Akari et de la Coffee Table de 1944. Son approche "pratique" et "sculpturale" à la fois, à base de forme organique fait de lui un des plus grand designer de l'après-guerre, « Tout est sculpture». ... « Je considère tout matériau, toute idée qui prend vie librement dans l'espace comme une sculpture. »
Les projets de Noguchi sont dans le même esprit que les thèses d'Aldo Van Eyck sur la liberté de l'enfant à s'approprier l'espace par des formes "libres" sans référent direct, de façon abstraite. L'espace de l'aire de jeu devient alors une immense sculpture paysagère: des aires de jeux comme paysage sculpturaux. Il dessina une série de "sculpture prototype" comme des paysages autonomes. L'intention est de partir du sol en intervenant directement et en interaction avec l'espace, mais aussi de susciter un imaginaire, un monde sensible, une symbolique universelle et métaphysique du jeu et de l'enfance. Un pays imaginaire, une forme d'utopie réalisé...
Principe d'équipement "sculpture" pour aires de jeux
Maquette de l'aire de jeu pour le siège des Nations Unies 1952 - projet non réalisé
Contured Playground, Installation d'une aire de jeu dans Central Park à New York City. 1941 - projet non réalisé

02/01/2011

Playground / Peter Friedl

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

standards conceptuels institués d'aires de jeux

"...J’ai commencé Playgrounds en 1995. Le projet ne vise pas à constituer une anthologie, même s’il en donne l’impression. (il tiendrait plutôt du projet anthropologique.) On trouve presque partout des terrains de jeu ; et pourtant , dans une certaine mesure, ils semblent négligés par la théorie autant que par l’esthétique. Après tout, dans le champ de l’Art public, je les trouve plutôt pas mal, surtout quand on les rapporte aux projets d’Art public plus ambitieux et réellement désastreux des deux dernières décennies. Il y a une certaine facilité à dire : il semble y avoir des règles consistantes, partout dans le monde, qui restreignent la conception des terrains de jeu. Et cette facilité peut en amener une autre, qui consiste à en faire une étude de cas de la mondialisation – mais on est toujours à un niveau « non pertinent » (ou même métaphorique ). D’autres questionnements, comme l’urbanisme, la sociologie ou l’éducation, viennent aussi tout de suite à l’esprit. Mais je crois que cette étude relève avant tout d’une autre question, qui concerne la narration. Les photos montrées dans la série sont aussi importantes que celles qui ne sont pas montrées ou celles qui n’existent pas. Le projet Playgrounds ne vise pas à produire des données statistiques sur un nombre défini de terrains de jeu, provenant de telle ou telle origine géographique. En ce sens, il reste complétement ouvert ; il jette un regard critique sur un ensemble de standards conceptuels institués..."

Extrait de malentendus en chantier / entretien Peter Friedl / Jean-Pierre Rehm
HORS CHAMPS n°183





30/12/2010

le CENTQUATRE

ATELIER  DE CONCEPTION DE1  2010-2011

Ouvert à tous les arts, le CENTQUATRE est un ensemble architectural inédit où l’art sous toutes ses formes vient à la rencontre de tous les publics. L’ambition de réaliser un lieu de culture vivante du XXIe siècle, correspondant à une nouvelle génération d’équipements artistiques et culturels où le dialogue entre art, pratiques culturelles et territoires doit être permanent. Inscrit dans une démarche de renouvellement urbain, le CENTQUATRE vit en accord constant avec ces mutations, devenant alors un véritable acteur de dynamisme du quartier.
Contemporaine des grandes structures des gares du XIXe siècle et innovante en son temps par ses structures métalliques standardisées en fer et fonte moulée, l’architecture des pompes funèbres illustre à grande échelle les préoccupations sociales, nationalistes et hygiénistes de l’époque.
Le projet architectural a consisté à privilégier une approche conceptuelle guidée par la compréhension du site en prolongeant ou magnifiant la rationalité de l’organisation spatiale, la fluidité et la variété des espaces, la générosité de la lumière. Spatialité et pleine transversalité du site, séquences d’animation le long de la traversée centrale et transparences sur les espaces de fabrication sont les grands thèmes du projet.
le centquatre
atelier novembre-architecture







24/12/2010

détournement / antipub

EXPRESSION PLASTIQUE  DE2 2010-2011

ZEUS

Zevs est considéré comme une des figures les plus importantes du mouvement actuel de street art français. Des trottoirs de la ville aux murs des galeries, il réagit aux signes urbains et aux codes de la consommation, interrogeant l’espace public, l’art et le rapport de l’art à la société de consommation.

Le travail de “liquidation” des logos s’enracine dans les Visual Attacks réalisées au début des années 2000. Un point rouge à la bombe entre les deux yeux du mannequin sur l’affiche, des filets de peinture rouge sang coulant sur son visage : les Visual Attacks détournaient et brouillaient la lecture commerciale de l’image. Zevs en avait alors évalué l’intérêt esthétique, émotionnel et critique. Le logotype est un média puissant, par son esthétique symbolique, son pouvoir d’analogon, immédiatement identifiable, rattaché à un produit et à un imaginaire précis.

Zevs s’attaque aussi au logo publicitaire dans l’espace public. Il commence par “liquider” la “virgule” de Nike, à Berlin, en 2005, et poursuit avec les logos de Coca-Cola ou de McDonald’s. Aujourd’hui, il s’intéresse aux logos des marques de luxe, qu’il reproduit pour les “liquider” en galerie. On aura compris le double sens de cette opération : en le rendant liquide, Zevs s’attaque visuellement à la fonction symbolique du logo.
En 2004, avec “La rue aux artistes”, il réalise une affiche, placardée à 300 exemplaires, reproduisant une lettre anonyme (l’ultime requête dans l’affaire du Visual Kidnapping) constituée d’éléments typographiques entièrement volés aux logos de la marque Lavazza.

détournement de l'espace public

EXPRESSION PLASTIQUE  DE2 2010-2011

Sculptures urbaines 

Brad Downey  est un artiste allemand basé à Berlin, ses sculptures s'intègrent dans l'espace public de façon décalé créant un détournement des signes et des systèmes urbains. Ses projets sont des installations subversives éphémères qui “injectent” une dose de ludique dans le quotidien.

Ladder-Stick-Up, 2007 Aberdeen, Scotland

La Somme de L'Oxygène dans une Cabine Téléphonique, 2008

















 

Les Potobos, action organisée par Paris Label & Paul Kingleur et accompagnés par des artistes  associés. Elle consiste à détourner des potelets et des bite-anti-stationnement dans le but de se réaproprier l'espace public, et de questionner le territoire trottoir. Potobos est tout simplement le nom donné aux potelets transformés, remplaçant l'interdit par quelque chose de poétique et d'éphémère.

détournement & parodies / films « suédés » Fandub & Food footage

EXPRESSION PLASTIQUE  DE2 2010-2011
 
Be Kind Rewind  
Michel Gondry  / 2008


 Le grand détournement - La Classe américaine  
Michel Hazanavicius /1993


Tones on tail - Go / 1984


23/12/2010

L'art du détournement comme provocation

EXPRESSION PLASTIQUE  DE2 2010-2011
 

Malcolm McLaren:
Les grandes idées gagnent les esprits quand elles s’appliquent à exclure plutôt qu’à inclure. Cette approche est à l’opposé de la conception commune. “Ha ! J’ai une idée ! Vite, une agence de publicité, un chargé de relations publiques, un gestionnaire !  Il faut que je trouve une agence, il faut que je trouve de l’argent, il faut que j’en emprunte !“ On peut diffuser une idée en empruntant le chemin inverse, avec autant d’efficacité. Mais il faut que cette idée soit culturellement subversive pour que ce soit possible.  J’ai ouvert ma boutique avec quelques amis qui partageaient cette idée. Tous ceux qui entraient trouvaient que c’était un endroit magique parce que l’on n’essayait pas de vous vendre quelque chose.  Au contraire, on ne voulait rien vous vendre !
Dès que ces boutiques ont eu du succès, je les ai fermées. Aussitôt que les gens de Vogue sont entrés pour essayer d’arracher les vêtements des cintres pour les mettre en première page de leur magazine, je les ai jetés de la boutique ! Je ne voulais rien de tout ça ! Cette horrible publicité de la mode, je voulais une publicité anti-mode. Je voulais ce qu’il y a de plus trash. Et bien sûr, ce qui est à la fois amusant et horrible, plus c’était trash, plus cela plaisait à Vogue !

..." Je suis un produit des années soixante, formé à l’école des Beaux Arts. Mais la question que je me posais, c’était :  " Comment transporter l’art dans la rue, comment faire de la rue son terrain de jeu ? "
 " Tout ce qui était teinté d’optimisme dans les années soixante est apparu sous un jour pessimiste dans les années soixante dix. Sur les ruines de la culture des années soixante, à partir de ces débris, nous avons reconstruit autre chose qui contenait de la rage. La rage était notre moteur et c’est elle qui a produit les Sex Pistols."


il met en place avec génie, la furie et l'anarchie du mouvement punk. Il considère que l'anarchie et le refus de la société des punks sont  un formidable moteur à fric pour une jeunesse en attente d'autre chose que le refrain éculé du "peace and love". Seul l'impact est important pour se faire connaître et non ses idées.
C'est pourquoi il utilise la provocation-marketing. L'idée d'un marketing de la provocation va se mettre en place. C'est par la provocation que MacLaren va propulser les sex-pistols en moins d'un an au numero 1 des charts UK. "god save the queen", leurs premier single qu'il font la promotion le même jour que le jubliee de la reine l'affublant d'un épingle a nourrice. La provocation contre l'establishment et la dignité de la morale est a son comble. L'effet de bombe médiatique est réussi; les sex pistols vont faire la une de touts les journaux et vendre des millions d'album.

Jamie Reid


"Comme avec le dadaïsme, tout l’esthétique punk, que ce soit les vêtements ou le langage visuel, exploite les éléments de la vie quotidienne." Jamie Reid conçoit un nouveau langage graphique et invente la fameuse typo des pochettes des Pistols. Dada avait été contre l'art, les punks étaient contre le design. Utilisation de lettres découpés dans les journaux, des textes dactylographiés ou manuscrit
assemblés en collages pour créer un original qui était lithographié ou photocopié. C'est l'art de la rue et des slogans provocateur. L'art du détournement cher aux situationnistes.

La société du spectacle...

EXPRESSION PLASTIQUE  DE2 2010-2011
   
Dans le décor spectaculaire ou 
le regard
ne rencontre que les choses 

et leurs prix,
rien ne manque
au confort de l'ennui!

Slogan: Raoul Vaneigem / collage: Guy Debord

   
René Viénet: la dialectique peut-elle casser des briques ?
1973

I.S / Guy Debord

EXPRESSION PLASTIQUE  DE2 2010-2011

Mode d'emploi du détournement

"...Tout peut servir. Il va de soi que l'on peut non seulement corriger une oeuvre ou intégrer divers fragments d'oeuvres périmées dans une nouvelle, mais encore changer le sens de ces fragments et truquer de toutes les manières que l'on jugera bonnes ce que les imbéciles s'obstinent à nommer des citations. De tels procédés parodiques ont été souvent employés pour obtenir des effets comiques. Mais le comique met en scène une contradiction à un état donné, posé comme existant. En la circonstance, l'état de choses littéraire nous paraissant presque aussi étranger que l'âge du renne, la contradiction ne nous fait pas rire. Il faut donc concevoir un stade parodique-sérieux où l'accumulation d'éléments détournés, loin de vouloir susciter l'indignation ou le rire en se référant à la notion d'une oeuvre originale, mais marquant au contraire notre indifférence pour un original vidé de sens et oublié, s'emploierait à rendre un certain sublime...
mis à part, les tendances au détournement que peut reconnaître une étude de l'expression contemporaine sont pour la plupart inconscientes ou occasionnelles; et, plus que dans la production esthétique finissante, c'est dans l'industrie publicitaire qu'il faudra en chercher les plus beaux exemples.

On peut d'abord définir deux catégories principales pour tous les éléments détournés, et sans discerner si leur mise en présence s'accompagne ou non de corrections introduites dans les originaux. Ce sont les détournements mineurs, et les détournements abusifs.

Le détournement mineur est le détournement d'un élément qui n'a pas d'importance propre et qui tire donc tout son sens de la mise en présence qu'on lui fait subir. Ainsi des coupures de presse, une phrase neutre, la photographie d'un sujet quelconque.

Le détournement abusif, dit aussi détournement de proposition prémonitoire, est au contraire celui dont un élément significatif en soi fait l'objet; élément qui tirera du nouveau rapprochement une portée différente. Un slogan de Saint-Just, une séquence d'Einsenstein par exemple.
Les oeuvres détournées d'une certaine envergure se trouveront donc le plus souvent constituées par une ou plusieurs séries de détournements abusifs-mineurs.

Plusieurs lois sur l'emploi du détournement se peuvent dès à présent établir.
C'est l'élément détourné le plus lointain qui concourt le plus vivement à l'impression d'ensemble, et non les éléments qui déterminent directement la nature de cette impression... Les déformations introduites dans les éléments détournés doivent tendre à se simplifier à l'extrême, la principale force d'un détournement étant fonction directe de sa reconnaissance, consciente ou trouble, par la mémoire. C'est bien connu. Notons seulement aussi cette utilisation de la mémoire implique un choix du public préalable à l'usage du détournement, ceci n'est qu'un cas particulier d'une loi générale qui régit aussi bien le détournement que tout autre mode d'action sur le monde. L'idée d'expression dans l'absolu est morte, et il ne survit momentanément qu'une singerie de cette pratique, tant que nos autres ennemis survivent.
Le détournement est d'autant moins opérant qu'il s'approche d'une réplique rationnelle. C'est le cas d'un assez grand nombre de maximes retouchées par Lautréamont. Plus le caractère rationnel de la réplique est apparent, plus elle se confond avec le banal esprit de répartie, pour lequel il s'agit également de faire servir les paroles de l'adversaire contre lui. Ceci n'est naturellement pas limité au langage parlé. C'est dans ceet ordre d'idées que nous eûmes à débattre le projet de quelques-uns de nos camarades visant à détourner une affiche antisoviétique de l'organisation fasciste "Paix et Liberté" - qui proclamait, avec vues de drapeaux occidentaux emmêlés, "l'union fait la force" - en y ajoutant la phrase "et les coalitions font la guerre".

Le détournement par simple retournement est toujours le plus immédiat et le moins efficace. Ce qui ne signifie pas qu'il ne puisse avoir un aspect progressif. Par exemple cette appellation pour une statue et un homme : "le Tigre dit Clemenceau". De même la messe noire oppose á la construcion d'une ambiance qui se fonde sur une métaphysique donnée, une construction d'ambiance dans le même cadre, en renversant les valeurs, conservées, de cette métaphysique.

Des quatre lois qui viennent d'être énoncées, la première est essentielle et s'applique universellement. Les trois autres ne valent pratiquement que pour des éléments abusifs détournés. Les premières conséquences apparentes d'une génération du détournement, outre les pouvoirs intrinsèques de propagande qu'il détient, seront la réappropriation d'une foule de mauvais livres; la participation massive d'écrivains ignorés; la différenciation toujours plus poussée des phrases ou des oeuvres plastiques qui se trouveront être à la mode; et surtout une facilité de la production dépassant de très loin, par la quantité, la variété et la qualité, l'écriture automatique d'ennuyeuse mémoire.

Non seulement le détournement conduit à la découverte de nouveaux aspects du talent, mais encore, se heurtant de front à toutes les conventions mondaines et juridiques, il ne peut manquer d'apparaître un puissant instrument culturel au service d'une lutte de classes bien comprise. Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie avec laquelle on bat en brêche toutes les murailles de Chine de l'intelligence. Voici un réel moyen d'enseignement artistique prolétarien, la première ébauche d'un communisme littéraire.

Les propositions et les réalisations sur le terrain du détournement se multiplient à volonté. Limitons nous pour le moment à montrer quelques possibilités concrètes à partir des divers secteurs actuels de la communication, étant bien entendu que ces divisions n'ont de valeur qu'en fonction des techniques d'aujourd'hui, et tendent toutes à disparaître au profit de synthèses supérieures, avec les progrès de ces techniques.

Outre les diverses utilisations immédiates des phrases détournées dans les affiches, le disque ou l'émission radiophonique, les deux principales applications de la prose détournée sont l'écriture métagraphique et, dans une moindre mesure, le cadre romanesque habilement perverti.

L'écriture métagraphique, aussi arriéré que soit par ailleurs le cadre plastique où elle se situe matériellement, présente un plus riche débouché à la prose détournée, comme aux autres objets ou images qui conviennent. On peut en juger par le projet, datant de 1951 et abandonné faute de moyens financiers suffisants, qui envisageait l'arrangement d'un billard électrique de telle sorte que les jeux de ses lumières et le parcours plus ou moins prévisible de ses billes servissent à une interprétation métagraphique-spaciale qui s'intitulerait "des sensations thermiques et des désirs des gens qui passent devant les grilles du musée de Cluny, une heure environ après le coucher du soleil en novembre". Depuis, bien sûr, nous savons qu'un travail situationniste-analytique ne peut progresser scientifiquement par de telles voies. Les moyens cependant restent bons pour des buts moins ambitieux.

C'est évidemment dans le cadre cinématographique que le détournement peut atteindre à sa plus grande efficacité, et sans doute, pour ceux que la chose préoccupe, à sa plus grande beauté.
Les pouvoirs du cinéma sont si étendus, et l'absence de coordination de ces pouvoirs si flagrante, que presque tous les films qui dépassent la misérable moyenne peuvent alimenter des polémiques infinies entre divers spectateurs ou critiques professionnels. Ajoutons que seul le conformisme de ces gens les empêche de trouver des charmes aussi prenants et des défauts aussi criants dans les films de dernière catégorie. 

La lumière du détournement se propage en ligne droite. Dans la mesure où la nouvelle architecture semble devoir commencer par un stade expérimental baroque, le complexe architectural - que nous concevons comme la construction d'un milieu ambiant dynamique en liaison avec des styles de comportement - utilisera vraisemblablement le détournement des formes architecturales connues, et en tout cas tirera parti, plastiquement et émotionnellement, de toutes sortes d'objets détournés : des grues ou des échafaudages métalliques savamment disposés prenant avantageusement la relève d'une tradition sculpturale défunte. 

En étendant le détournement jusqu'aux réalisations de l'urbanisme, il ne serait sans doute indifférent à personne que l'on reconstituât minutieusement dans une ville tout un cartier d'une autre. L'existence, qui ne sera jamais trop déroutante, s'en verrait réellement embellie.
Les titres mêmes, comme on l'a déjà vu, sont un élément radical du détournement. Ce fait découle de deux constatations générales qui sont, d'une part, que tous les titres sont interchangeables, et d'autre part qu'ils ont une importance déterminante dans plusieurs disciplines. Tous les romans policiers de la "série noire" se ressemblent intensément, et le seul effort de renouvellement portant sur le titre suffit à leur conserver un public considérable. 

Dans la musique, un titre exerce toujours une grande influence, et rien ne justifie vraiment son choix. Il ne serait donc pas mauvais d'apporter une ultime correction au titre de la "Symphonie héroïque" en en faisant, par exemple, une "Symphonie Lénine". Le titre contribue fortement à détourner l'oeuvre, mais une réaction de l'oeuvre sur le titre est inévitable. De sorte que l'on peut faire un usage étendu de titres précis empruntés à des publications scientifiques ("Biologie littorale des mers tempérées") ou militaires ("Combats de nuit des petites unités d'infanterie") ; et même de beaucoup de phrases relevées dans les illustrés enfantins ("De merveilleux paysages s'offrent à la vue des navigateurs").
Pour finir, il nous faut citer brièvement quelques aspects de ce que nous nommerons l'ultra-détournement, c'est-à-dire les tendances du détournement à s'appliquer dans la vie sociale quotidienne. Les gestes et les mots peuvent être chargés d'autres sens, et l'ont été constamment à travers l'histoire, pour des raisons pratiques. Les sociétés secrètes de l'ancienne Chine disposaient d'un grand raffinement de signes de reconnaissance, englobant la plupart des attitudes mondaines (manière de disposer des tasses ; de boire ; citations de poèmes arrêtées à des moments convenus). Le besoin d'une langue secrète, de mots de passe, est inséparable d'une tendance au jeu. L'idée-limite est que n'importe quel signe, n'importe quel vocable, est susceptible d'être converti en autre chose, voire en son contraire. Les insurgés royalistes de la Vendée, parce qu'affublés de l'immonde effigie du coeur de Jésus, s'appelaient l'Armée Rouge. Dans le domaine pourtant limité de la politique, cette expression a été complètement détournée en un siècle.

Outre le langage, il est possible de détourner par la même méthode le vêtement, avec toute l'importance affective qu'il recèle. Là aussi, nous trouvons la notion de déguisement en liaison étroite avec le jeu. Enfin, quand on en arrive à construire des situations, but final de toute notre activité, il sera loisible à tout un chacun de détourner des situations entières en en changeant délibérément telle ou telle condition déterminante.

Les procédés que nous avons sommairement traités ici ne sont pas présentés comme une intention qui nous serait propre, mais au contraire comme une pratique assez communément répandue que nous nous proposons de systématiser.

La théorie du détournement par elle-même ne nous intéresse guère. Mais nous la trouvons liée à presque tous les aspects constructifs de la période de transition présituationniste. Son enrichissement, par la pratique, apparaît donc comme nécessaire.
Nous remettons à plus tard le développement de ces thèses.
 
GUY-ERNEST DEBORD et GIL J WOLMAN

l'art du détournement: réappropriations, emprunts, citations, parodies...

EXPRESSION PLASTIQUE  DE2 2010-2011

Nombreux sont les exemples de réappropriation, de ré-interprétation ou de relecture d'un même thème, celui-ci pouvant se répercuter sur plusieurs siècles. Le cas de "La Joconde" est à ce titre exemplaire : on ne compte plus les citations diverses de ce chef-d'oeuvre de Léonard de Vinci : dès le XVIe siècle, Mona Lisa inspira de nombreux peintres, qui en firent des copies et des imitations plus ou moins fidèles.

Marcel Duchamp L.H.O.O.Q / 1919